La kabylie entre culture et tradition
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La Kabylie entre culture et tradition : Organisation sociale, mode de consommation et fait de civilisation
La Kabylie : Organisation sociale, mode de consommation et fait de civilisation
Les Kabyles désignent leur territoire par l'ancien terme berbère Thamourth (la terre, la terre natale, la patrie, le pays). Leurs habitations, construites en dur, couvertes d'un toit de tuiles et généralement sans étage, sont groupées en villages qui tournent le dos à l'extérieur et ouvrent sur des sentiers étroits
La société kabyle s'organise en cercles concentriques de fidélité. Son noyau est la famille étendue Akham, qui est la plus petite cellule sociale. Elle ne se réduit pas seulement au groupe des époux et de leurs descendants directs, mais rassemble tous les agnats (parents descendants de la même souche masculine), de sorte que plusieurs générations sont réunies sous l'autorité d'un seul chef. L'unité d'habitat (les maisons des descendants d'un même ancêtre sont regroupées autour d'une cour commune) renforce la cohésion du groupe.
Les familles regroupées forment le Thakharrubth, dont les membres possèdent un ancêtre commun, qui remonte à la quatrième ou à la cinquième génération. L'Adhrum est un groupe plus large encore, qui est formé d'un nombre variable de Thakharrubth. Plusieurs Idharman (pluriel d'adhrum) forment le village Thaddarth avec sa djemaa (assemblée des citoyens en âge de porter les armes) et son lamine, agent d'exécution des décisions. Les villages se rassemblent ensuite en tribu : l'aârch. Toutefois, des transformations d'ordre historique, politique et socio-économique exercent des forces centripètes sur les cercles les plus extérieurs de cette structure. Aujourd'hui, le village kabyle traditionnel n'existe plus. Après l'indépendance de l'Algérie, l'organisation des communes mit définitivement fin aux assemblées villageoises (dont le rôle avait déjà été réduit lors de la colonisation française), alors que le pouvoir issu du FLN s'employait à imposer l'usage de l'arabe au détriment du kabyle.
La littérature kabyle est surtout orale. La poésie et le conte en sont les genres dominants. La poésie traite, au premier chef, de la guerre et de l'amour à travers des formes spécifiques, le thaqsit (poème épique), l'asfrou (poème lyrique) et l'izli (récit gaillard chanté). Quant aux contes, habités d'un bestiaire fantastique, ils exploitent surtout le registre du merveilleux.
Dans chaque village formant en soi une petite "république", la Djemâa était l'institution politique qui régissait la vie communale.
Composée de tous les hommes ayant atteint la majorité - n'y prenaient la parole que les notables, les vieillards et les chefs de famille - l'assemblée nommait l'amine [chef] du village, mandataire toujours révocable, qui gérait l'administration. La démocratie n'y était que de principe car deux ou trois familles, un çoff', emportaient toujours la décision.
Conseil municipal, cour de justice et cour souveraine, la djemâa se référait, en cas de litige ou de problème, à des textes de lois, les "qanouns kabyles" qui définissent le moindre manquement et sa sanction. Société à filiation patrilinéaire, la Kabylie était régie par le code de l'honneur qui protège "la maison, les femmes, les fusils". Ces derniers, représentent en fait le groupe des agnats, les cousins dont la mort doit être vengée par le sang.
Vivre en Kabylie donc, c'est vivre sous l'autorité du groupe où l'esprit de solidarité est fort développé. On peut donner l'exemple de la tiwizi, corvée collective qui consiste à aider un villageois à ramasser dans la journée ses olives ou à bâtir sa maison.
Mode de consommation
Le mode de consommation est de type continental (céréales et fruits). En dépit d'une importante façade méditerranéenne, on consomme très peu de poissons, ce qui explique la quasi-absence d'activités maritimes. La culture arbustive est très développée, malgré des sols ingrats, favorisée par l'abondance de la pluie. Aucun pouce de terre n'est perdu. Les collines et les crêtes sont recouvertes de frênes, de caroubiers et de chênes à gland doux. Mais deux arbres sont particulièrement prisés : l'olivier et le figuier. Huile et figues sèches ont de tout temps constitué des articles de base de l'alimentation quotidienne.
La femme Kabyle
Parallèlement à un discours "misogyne" dominant, il existe un contre-discours valorisant la femme kabyle qui la représente comme le soc de la maison (à l'origine de toute fécondité), la poutre maîtresse du foyer, etc...
Les lois ancestrales sont néanmoins dures à son égard et cela pour des raisons historiques.
En effet, au XVIlle siècle, certains combattants kabyles partis faire la guerre aux Espagnols trouvèrent, de retour chez eux, leurs femmes remariées et leurs terres propriétés des nouveaux maris. Les tribus des Igawawen se réunirent alors et décidèrent l'exhérédation des femmes. De nos jours, la jeune femme kabyle essaie, de par son accès relatif aux études et au travail salarié, d'imposer une image et un statut différents.
Faits de civilisation
Les différentes expressions de la culture kabyle véhiculées par le berbère - seule langue ancienne encore vivante dans le bassin méditerranéen s'inscrivent dans une civilisation millénaire. L’art reproduit ainsi des formes et des techniques qui remonteraient à l'ge de Bronze. hexagramme et la croix boulée gravés sur les coffres kabyles (Gast, 1993) témoignent de la permanence de l'art berbère dont l'existence est vieille de plus de deux mille ans.
La société kabyle s'organise en cercles concentriques de fidélité. Son noyau est la famille étendue Akham, qui est la plus petite cellule sociale. Elle ne se réduit pas seulement au groupe des époux et de leurs descendants directs, mais rassemble tous les agnats (parents descendants de la même souche masculine), de sorte que plusieurs générations sont réunies sous l'autorité d'un seul chef. L'unité d'habitat (les maisons des descendants d'un même ancêtre sont regroupées autour d'une cour commune) renforce la cohésion du groupe.
Les familles regroupées forment le Thakharrubth, dont les membres possèdent un ancêtre commun, qui remonte à la quatrième ou à la cinquième génération. L'Adhrum est un groupe plus large encore, qui est formé d'un nombre variable de Thakharrubth. Plusieurs Idharman (pluriel d'adhrum) forment le village Thaddarth avec sa djemaa (assemblée des citoyens en âge de porter les armes) et son lamine, agent d'exécution des décisions. Les villages se rassemblent ensuite en tribu : l'aârch. Toutefois, des transformations d'ordre historique, politique et socio-économique exercent des forces centripètes sur les cercles les plus extérieurs de cette structure. Aujourd'hui, le village kabyle traditionnel n'existe plus. Après l'indépendance de l'Algérie, l'organisation des communes mit définitivement fin aux assemblées villageoises (dont le rôle avait déjà été réduit lors de la colonisation française), alors que le pouvoir issu du FLN s'employait à imposer l'usage de l'arabe au détriment du kabyle.
La littérature kabyle est surtout orale. La poésie et le conte en sont les genres dominants. La poésie traite, au premier chef, de la guerre et de l'amour à travers des formes spécifiques, le thaqsit (poème épique), l'asfrou (poème lyrique) et l'izli (récit gaillard chanté). Quant aux contes, habités d'un bestiaire fantastique, ils exploitent surtout le registre du merveilleux.
Dans chaque village formant en soi une petite "république", la Djemâa était l'institution politique qui régissait la vie communale.
Composée de tous les hommes ayant atteint la majorité - n'y prenaient la parole que les notables, les vieillards et les chefs de famille - l'assemblée nommait l'amine [chef] du village, mandataire toujours révocable, qui gérait l'administration. La démocratie n'y était que de principe car deux ou trois familles, un çoff', emportaient toujours la décision.
Conseil municipal, cour de justice et cour souveraine, la djemâa se référait, en cas de litige ou de problème, à des textes de lois, les "qanouns kabyles" qui définissent le moindre manquement et sa sanction. Société à filiation patrilinéaire, la Kabylie était régie par le code de l'honneur qui protège "la maison, les femmes, les fusils". Ces derniers, représentent en fait le groupe des agnats, les cousins dont la mort doit être vengée par le sang.
Vivre en Kabylie donc, c'est vivre sous l'autorité du groupe où l'esprit de solidarité est fort développé. On peut donner l'exemple de la tiwizi, corvée collective qui consiste à aider un villageois à ramasser dans la journée ses olives ou à bâtir sa maison.
Mode de consommation
Le mode de consommation est de type continental (céréales et fruits). En dépit d'une importante façade méditerranéenne, on consomme très peu de poissons, ce qui explique la quasi-absence d'activités maritimes. La culture arbustive est très développée, malgré des sols ingrats, favorisée par l'abondance de la pluie. Aucun pouce de terre n'est perdu. Les collines et les crêtes sont recouvertes de frênes, de caroubiers et de chênes à gland doux. Mais deux arbres sont particulièrement prisés : l'olivier et le figuier. Huile et figues sèches ont de tout temps constitué des articles de base de l'alimentation quotidienne.
La femme Kabyle
Parallèlement à un discours "misogyne" dominant, il existe un contre-discours valorisant la femme kabyle qui la représente comme le soc de la maison (à l'origine de toute fécondité), la poutre maîtresse du foyer, etc...
Les lois ancestrales sont néanmoins dures à son égard et cela pour des raisons historiques.
En effet, au XVIlle siècle, certains combattants kabyles partis faire la guerre aux Espagnols trouvèrent, de retour chez eux, leurs femmes remariées et leurs terres propriétés des nouveaux maris. Les tribus des Igawawen se réunirent alors et décidèrent l'exhérédation des femmes. De nos jours, la jeune femme kabyle essaie, de par son accès relatif aux études et au travail salarié, d'imposer une image et un statut différents.
Faits de civilisation
Les différentes expressions de la culture kabyle véhiculées par le berbère - seule langue ancienne encore vivante dans le bassin méditerranéen s'inscrivent dans une civilisation millénaire. L’art reproduit ainsi des formes et des techniques qui remonteraient à l'ge de Bronze. hexagramme et la croix boulée gravés sur les coffres kabyles (Gast, 1993) témoignent de la permanence de l'art berbère dont l'existence est vieille de plus de deux mille ans.
L'artisanat
La bijouterie appartient à la grande famille des orfèvreries cloisonnées ou filigranées émaillées. Avec la sculpture sur bois en champlevé, elle est une activité masculine, à l'inverse du reste de l'artisanat. En effet, exclusivement exécutées par les femmes, la poterie, le tissage (de haute lisse) et les peintures murales présentent des motifs réalisés en fonction des techniques requises par chaque activité. Leur signification, autrefois ésotérique, a fini par disparaître, sous l'effet d'une géométrisation avancée.
La culture
Autant que l'expression artistique, la "littérature " kabyle, portée par l'oralité, est variée et possède un répertoire de formes narratives très riche comme les contes, les historiettes, les récits fondateurs, les mythes et les fables.
Parmi les formes courtes, on distingue essentiellement le dicton, l'apophtegme, le proverbe et la devinette, souvent sollicités dans le cadre du discours soutenu ou quotidien (Aït Ferroukh, 1995). La poésie recèle différents genres scandés et/ou chantés. La danse, autant que le chant, y est diversifiée, ludique, rituelle et sacrée (Ait Ferroukh, 1993, 1994).
En somme, la culture kabyle orale est fondée sur la tamusni, une sorte de connaissance pratique, manuelle et intellectuelle, combinaison entre la compétence (sagesse populaire, mémoire collective, pensée philosophique) et la performance (savoir-dire et savoir-faire). Capital accumulé par le groupe dans une tradition vivante, la tamusni, véhiculée dans une forme esthétique, confère à ses détenteurs une certaine fonction sociale et/ou politique.
H. N.
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